- SHELLEY (M.)
- SHELLEY (M.)SHELLEY MARY GODWIN épouse (1797-1851)De l’aveu même de Mary Shelley, fille unique de deux écrivains, William Godwin et Mary Wollstonecraft, sa vocation littéraire va de soi. On peut cependant admirer la précocité dont elle fait preuve dans la meilleure et la plus célèbre de ses réalisations littéraires, Frankenstein , publié en 1818 et commencé au cours de l’été 1816 qu’elle passe en Suisse en compagnie de son mari, le poète Percy Bysshe Shelley, de lord Byron et du Dr Polidori. La lecture commune d’histoires allemandes de revenants, dans leurs traductions françaises, les incite à un défi selon lequel chacun doit tenter, à son tour, d’écrire une histoire de revenants. Mais, seule Mary Shelley réussit à mener son projet à bien. Le pouvoir de sa propre vision imaginative, mais aussi les longues conversations philosophiques qu’entretiennent alors Byron et Shelley sont à l’origine de l’histoire de Frankenstein ou le Prométhée moderne (Frankenstein, or the Modern Promethus ), où s’allient aux mythes de la poésie romantique certains effets de terreur propres au roman gothique en vogue deux décennies plus tôt. Le monstre sans nom, créé par Frankenstein, abhorré de son créateur, terrifiant et pourtant «trop humain», pourrait bien se nommer Adam, Caïn, Satan... À travers ces figures multiples s’expriment une même quête, une même interrogation angoissée sur la condition humaine, une même révolte désespérée. On le voit, le mythe Frankenstein, tel qu’il se développera par la suite dans la littérature populaire et surtout au cinéma, même si son caractère de «science-fiction» lui est conservé, est le plus souvent en rupture avec l’œuvre d’origine. Celle-ci s’inscrit, de par l’insertion sociale de son auteur, dans un courant littéraire où répondent, comme en écho, le Prométhée délivré (Prometheus Unbound , 1820) de Shelley, Le Dit du vieux marin (The Rime of the Ancient Mariner , 1798) de Coleridge, le Manfred (1816) de Byron, courant auquel Mary Shelley resta fidèle, comme en témoignent ses activités littéraires ultérieures, au nombre desquelles, outre des récits dont l’intérêt est essentiellement biographique, il faut citer la publication, en 1838, des œuvres annotées de son mari.
Encyclopédie Universelle. 2012.